Cinquième jour
Creole nature trail
Premier jour en Louisiane. Lake Charles est une ville endormie à côté d'un vaste lac. En semaine il semble qu'il n'y ait pas grand chose à faire malgré ce qu'en dit le site touristique de la ville. Après un passage à l'office du tourisme nous entamons le Creole Nature Trail au départ de Sulphur. C'est un vaste parcours autour du lac Calcasieu traversant plusieurs réserves naturelles. Direction plein Sud par la 27 jusqu'au golfe du Mexique. Le paysage rappelle un peu la Camargue avec cette suite de marais et ses herbes à mis hauteur. A un endroit on nous propose un parcours pédestre de plusieurs kilomètres mais nous préférons resté dans notre voiture, bien à l'abri avec notre air climatisé. Nous ne verrons pas beaucoup de faune à part quelques oiseaux. Arrivés au golfe du Mexique nous admirons la plage pratiquement déserte qui s'étend à perte de vue. En face, une suite de maison sur pilotis. Nous nous dirigeons vers l'Est le long du golfe et prenons le ferry pour traverser le bras de mer qui relie la mer au lac. Après quelques kilomètres nous allons vers le Nord et retournons à Lake Charles. C'est en remontant Common Street que nous tombons par hasard sur un panneau indiquant Wilson Anthony "Boozoo" Chavis Memorial Highway. Bel hommage pour ce musicien qui marqua la musique louisianaise.
Happy, l'adaptation du tube de Pharell Williams par Sean Ardoin, sert de promotion à la ville de Lake Charles
Crowley
Nous avons quitté Lake Charles et repris la I10. En route vers Lafayette nous décidons de faire une halte à Crowley. Nous n'avons aucun mal à trouver le Modern Music Center, le magasin de Jay et Mark Miller. Jay Miller, c'est évidemment le swamp blues et les enregistrement Excello : Lightnin' Slim, Slim Harpo, Lonesome Sundown, Lazy Lester... l'essence même du swamp blues. Son fils Mark a continué le travail de son père, enregistrant sur le label MTE presque tout ce que la Louisiane peut compter comme styles musicaux.
Sur la porte du magasin une affiche annonce une Louisiana swamp pop revue avec Warren Storm et Willie Tee. A l'intérieur sont rangés instruments de musique, partitions, câbles, amplificateurs... Nous demandons à parler à Mark Miller. L'employé nous répond qu'il n'est pas là et qu'il ne sera sans doute pas de retour avant la fin de l'après midi. Un peu déçus nous nous rabattons sur la gauche vers le présentoir de cds. A part quelques compilations country il y a uniquement des productions maison. Cajun, blues, swamp pop, soul, zydeco. Défilent les noms de Damon Troy, Hadley Castille, Kenne Wayne, Wayne Toops, Lee Benoit, Leon Sam & the Sam Brothers, Aldus Roger, Donna Angelle. Lil Fallay, Johnny Chauvin, Everett Brady... A l'autre bout du magasin, pas du tout mis en valeur, nous repérons une pile de vinyles. Certaines couvertures sont en piteux état. Un homme mince nous aborde. Il s'appelle Vic Leblanc et se propose de nous en dire plus sur ces disques. Après nous avoir emmené dans une autre pièce il nous raconte l'histoire du studio Miller. Le discours est rodé : il insiste sur la qualité de la musique proposée, sur la rareté des enregistrements. Chaque 33 tours du label Blues Unlimited n'a été édité qu'à 300 exemplaires. Certains ont été détruits dans le magasin à cause d'inondations provoqués par un ouragan et ils ne seront jamais réédités. Nous lui prenons une demi douzaine de disques et allons les régler à un petit homme barbu qui fait franchement la gueule.
Sortis du magasin nous cherchons un endroit où manger. Après avoir fait quelques mètres nous retombons sur l'homme barbu. Comme nous lui demandons conseil l'homme quitte sa mine renfrognée et nous répond fort aimablement. Nous pouvons aller chez Fezzo's, le meilleur restaurant de la ville, mais il est assez cher. Sinon, juste en face il y a le Joppe Courtyard Cafe qui propose de bons hamburgers. Nous choisissons la deuxième option et remercions Mark Miller (car c"était lui). La encore c'est un bon choix. Pour un prix modique nous prenons un Rajun Cajun. Le meilleur hamburger que j'ai jamais mangé !
Lafayette
Enfin arrivés à Lafayette. Après avoir déposé nos affaires à l'hôtel nous nous mettons à la recherche du El Sid'O, le club de la famille Williams. Nous le trouvons sans difficulté. Evidemment il est fermé, comme sans doute la majorité des clubs de la ville. Nous sommes mardi et en semaine il y a très peu de musique. A côté de nous une voiture passe les vitres baissées et la musique à fond. On peut entendre le dernier tube de J Paul Jr, Who ya daddy. Nous entrons au One Stop, l'épicerie juste à coté du club, tenue elle aussi par les Williams. Après avoir acheté un pack de bières nous discutons avec la caissière, une très jeune femme enceinte. Oui, nous dit-elle, elle fait partie de la famille. Elle est la nièce de Nathan Williams. Et non, il n'est pas là. En revanche Isiah, le frotteur de Lil Nathan, est quelque part dans l'arrière boutique. Mais malgré ses appels il ne viendra pas.
Il est 18 heures et la faim commence à poindre. Fredo, un pote fana de zydeco, nous a fortement conseillé d'aller chez Guidroz sur Simcoe Street. Malheureusement quand nous arrivons le restaurant est en train de fermer. Nous nous rabattons plus au Sud sur le Hub City Diner. Ambiance année 50. Nous sommes accueillis à l'entrée par un pélican ayant les traits d'Elvis Presley. Plus loin un sculpteur de ballon occupe les enfants des nombreuses familles venues manger. Après le repas copieux du midi j'opte pour une blackened louisiana catfish salad. Encore un choix judicieux. Le poisson est parfaitement cuit. La sauce épicée et l'assaisonnement sont juste comme il faut. Après ce bon repas il est temps d'aller dormir. Demain, bayou et boudin !